La maison Gosselin sise au 33, Place Royale, Québec

Le texte qui suit est tiré du volume Figures d'Hier et d'Aujourd'hui à travers St-Laurent I.O., par le Chanoine David Gosselin, 2e édition, Québec 1979, voir page 39 et ss:

« ... J'ai déjà écrit que GABRIEL GOSSELIN, tout en étant un insulaire authentique, possédait "pignon sur rue" à Québec, comme l'on dit en France, paraît-il. Aussi son déménagement se résumait, en définitive, à un changement de local d'autant plus facile qu'il était assez avisé pour ne pas attendre la débâcle du pont de glace. Il quitta probablement l'île sur la fin d'avril. Le 19 du même mois, il signifie à Mme veuve Jean Aramy, née Madeleine Roy, qu'ayant l'intention d'aller demeurer en ville avec sa famille, il reprend la partie de sa maison qu'il avait promis de lui louer. Le 7 mai, il est à Québec où il passe l'acte de donation au bureau des pauvres, dont j'ai parlé plus haut. Le 9, il le modifie sur un point secondaire. Le 19, il fait une autre transaction par devant le notaire Genaple ».

« Rendons immédiatement visite à ce nouveau paroissien de N. - D. de Québec. Il possédait rue Sous-le-Fort, presque à l'encoignure sud-ouest de celle-ci et de la rue Saint-Pierre. C'est là qu'il a vécu ses huit dernières années. Sa maison était bâtie sur un emplacement de 20 pieds de front sur 22 de profondeur, acquis de Mme veuve Charles Amiot, née Geneviève de Chavigny, pour la modique somme de cent livres tournois (La livre tournois équivalait à 20 sous). Le contrat, dressé par le notaire Duquet, porte la date du 23 février 1676. Le gouverneur Frontenac l'avait concédé à Mme Amiot, le 4 mai 1674. Cet immeuble, la transaction le décrit comme suit: " Joignant d'un côté la rue Sous-le-Fort; d'autre, le bord du fleuve; d'un bout, la pointe des Roches, prenant en droite ligne l'alignement de M. de Villeray; et d'autre bout, le restant du dit emplacement appartenant à la dite veuve". »

« La description du notaire Genaple, en date du 1er février 1688, est peut-être plus claire: " Rue Sous-le-Fort, joignant, d'un côté, le sieur Lespinay; d'autre, la pointe des Roches; par devant, rue Sous-le-Fort et, par derrière, la grève du Cul-de-sac" ».

« GABRIEL GOSSELIN menait les choses rondement car, le lendemain de son acquisition, le contrat de la maçonnerie de sa nouvelle maison était signé par un Pampalon de cette époque, le maçon Le Rouge; et celui de la charpente par Jean Marchand et Rémi Dupille ».

« Dans l'inventaire du 26 octobre 1677, cette maison, qui comptait deux étages, est ainsi décrite: 37 x 26; en maçonnerie; de 28 pieds de hauteur, que le dit Gosselin fait construire à la basse-ville de Québec: estimée à 3,500 francs... ».

Je ne veux pas passer sous silence l'ouvrage de Michel Gaumont, La Place Royale, MAC 1976, dans lequel l'on retrouve la description des maisons ancestrales de la Place Royale:

« Pour les familiers du Vieux-Québec, et plus particulièrement pour ceux qui fréquentent les traversiers, il peut paraître surprenant, tout au moins singulier, d'avoir construit à cet endroit une maison avec toit à mansarde et cage d'escalier extérieure couverte à l'impériale, chevauchant en partie l'extrémité sud de la rue St-Pierre. »

« Pour restaurer ce carrefour, les historiens et les archéologues ont conjugué leurs efforts afin d'en comprendre l'évolution. Il ne faut pas oublier que la présence de la Batterie royale située tout près influença le lotissement durant 2 siècles. Une insignifiante structure en bois à un étage occupait les lieux; elle fut démolie en moins de deux, et comme les archéologues avaient auparavant décelé d'épais murs de pierre dans la cave de ce bâtiment, il ne restait qu'un pas à faire pour exécuter des fouilles sous la rue St-Pierre, et retracer le prolongement de ces murs. Ils furent facilement localisés et la décision de rebâtir sur ces fondations fut prise presque naturellement. »

« L'élargissement de la rue St-Pierre du côté nord avait été exécuté après qu'un incendie eut détruit la maison François Buteau le 11 septembre 1836. »

« GABRIEL GOSSELIN avait à cet endroit une première maison de pierre en 1676, maison qui fut incendiée en 1682. Moins d'un an plus tard, il la rebâtit à deux étages. La maison de 1676 avait été partiellement construite avec des matériaux provenant de l'ancien fort de l'île d'Orléans. La seconde maison, celle de 1683, fut érigée par l'architecte Claude Baillif et le maçon Jean Le Rouge. Cette maison servit de modèle lors de la reconstruction car les maisons voisines montrent des conditions qui avaient existé au XVIIe siècle. »

« Parmi les propriétaires de cette maison, mentionnons Pierre Haymard, juge prévost de Notre-Dame des Anges, qui la posséda de 1698 à 1749, Barthélémy Cotton de 1749 à 1762, François Buteau de 1853 à 1842 et les R. M. Ursulines de 1849 à 1901. »

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