Soeur Geneviève Gosselin 1667-1739


PAROISSE DE NOTRE-DAME DE QUÉBEC -- EXTRAIT DU REGISTRE DES BAPTÊMES, MARIAGES ET SÉPULTURES DE LA PAROISSE DE NOTRE-DAME DE QUÉBEC, POUR L'ANNÉE MIL SIX CENT SOIXANTE SEPT

"L'an de grâce mil six cent soixante sept, le vingt-cinq septembre par moy Henry de Bernières, curé en cette paroisse, a été baptisée Geneviève Gosselin née l'onzième de ce mois, du mariage de Gabriel Gosselin et de Françoise le Lièvre sa femme. Ses parrain et marraine ont esté le Sieur François de Monnery, lieutenant d’une compagnie du régiment de Carignan, et Damoiselle Éléonore de Grand'maison, femme du Sieur de la Tesserie."(1)
H. de Bernières

La petite Geneviève, seule fille derrière sept garçons, allait être vouée l'érection d’une grande cause. D'abord, sa jeunesse se déroula sur la terre familiale en compagnie de ses dix frères. Françoise son unique soeur, ne vécut de 1670 à 1674. Entourée de tous ces garçons qui allaient tous trouver à se marier, Geneviève, à peine adolescente, décide de se consacrer à Dieu. En février 1682, âgée de 15 ans, elle traverse le pont de glace et entre à l’Hôtel-Dieu de Québec.

Cette institution avait reçu ses lettres patentes du roi Louis XIIl en 1639. Ces dernières permettaient l’établissement des religieuses hospitalières de Dieppe à l’Hôtel-Dieu de Québec. Il s'agissait d’ériger un hôpital à Québec, afin d’appuyer les missionnaires dans leurs efforts d'évangélisation des Indiens. Mais bientôt, les Augustines doivent modifier la vocation de leur maison pour répondre aux besoins pressants d'une population en plein essor.

Pour Geneviève, embrasser une telle cause, celle du don total, c’était trop tôt. Gabriel, son père, un des grands propriétaires terriens de l'Île d'Orléans, ne possède pas une bourse proportionnelle à ses acquis et ne peut payer la dot nécessaire à sa fille. Après 6 mois, elle retourne chez les siens.

Ce n'est que six années après cette première tentative que la jeune fille retourne chez les Augustines. En effet, les frères de Geneviève. Michel, François, Amable, Gabriel, Franciscot et, finalement, Ignace se joignent à leur père pour garantir la fameuse dot.

Enfin, le 2 février 1688, Geneviève quitte définitivement l'Île qui l'a vu naître pour faire son entrée à l'Hôtel-Dieu de Québec. Sa prise d'habit se fait le 1er juin 1688; sa profession suivra le 11 octobre 1689. Comme le mentionne le Chanoine David Gosselin : "On semble avoir tenu compte des six mois de noviciat faits en 1682."

La cérémonie qui la déclare professe se déroule sous la présidence de l'Abbé de Maizerets, du Séminaire de Québec, assisté des Abbés Boulard et Du Bos. "À partir de ce jour, Geneviève ne fut plus connue que sous le nom de Mère Sainte-Madeleine. "(1)

Bien que l'on sache peu de choses de ses premières années en communauté, Geneviève fut l'une des quatre religieuses élues par le chapitre pour aller fonder l’Hôpital Général de Québec, œuvre de Monseigneur de Saint-Vallier. À ce moment, on désignait Soeur Sainte-Madeleine comme étant professe de chœur comparativement à converse. En d’autres termes, cela signifiait qu’elle possédait suffisamment d'instruction et avait la connaissance du latin.

"Après avoir retrempé leurs âmes dans la prière et s'être munies de force pour le jour de l'épreuve, nos mères durent se résigner à dire un suprême adieu à la communauté au sein de laquelle elles avaient vécu si heureuses. Elles reçurent leur obédience du prélat fondateur le 30 mars, et celle de la Mère Saint-Ignace le 31 du même mois."

"La veille du jour fixé pour le départ, Monseigneur de Saint-Vallier jugea à propos qu'elles allassent saluer les communautés de la ville, soit le Séminaire de Québec, les Révérends Pères Jésuites, les Révérendes Mères Ursulines, avant de rendre visite à Monsieur le Comte de Frontenac, au château Saint-Louis, et de terminer cette ronde au palais épiscopal."

"Au jour fixé pour de départ, mercredi 1er avril 1693, vers 6 heures du matin, la communauté étant assemblée, les quatre religieuses de la fondation demandèrent pardon à la Révérende Mère Supérieure et à toutes les soeurs. (…) Après un dernier mot, un dernier baiser, les hospitalières de Notre-Dame-des-Anges franchirent le seuil de l'Hôtel-Dieu."

"Dès qu’elles voient apparaître le clocher de Notre-Dame-des-Anges, les fondatrices saluent et implorent avec amour et confiance celle que, sous ce vocable, elles reconnaissent pour leur Mère et Souveraine."

"Aussitôt que nos fondatrices furent descendues de voiture, elles se mirent à genoux pour recevoir la bénédiction de Monseigneur qui les accueillit avec toute l'affection et toute la tendresse d’un bon pasteur. Elles entrèrent d’abord dans l'église pour adorer Notre-Seigneur et pour s’offrir à le servir selon son bon plaisir. Monseigneur les fit ensuite monter au chœur; pour marquer leur prise de possession, elles posèrent en ce lieu une petite statue de la Très Sainte Vierge, puis elles chantèrent en l'honneur de cette puissante Reine, le Memorare et le Salve Regina, 1a reconnaissant pour fondatrice…"

"À l'issue de cette messe, les fondatrices furent introduites dans le monastère. (…) Après le dîner, tout le monde se mit en devoir de visiter les différentes parties de la maison. (…) Nos mères trouvèrent l'hôpital dans un grand dénuement de toutes choses car, pour quarante-deux personnes, il n'y avait que six pains, deux livres de beurre, dix-huit harengs et un minot de fèves. "(2)

Du 1er avril 1693 au 28 avril 1715, Geneviève suivit les malades de Québec à l'intérieur des murs de l'Hôpital Général de Québec

Durant toutes ces années, elle fut désignée aux soins des filles en 1694, élue hospitalière en 1699, chargée de l'administration du monastère et de l’hôpital, élue supérieur en mai 1708, fonction qu'elle occupa jusqu’à la fin de ses deux triennats, le 4 mai 1714. Elle devint immédiatement assistante et maîtresse des novices.

Finalement, Geneviève, "seule survivante des cinq religieuses de chœur venues ici de Québec, témoigna en 1715 son intention de retourner au lieu qu’elle n’avait jamais cessé de chérir comme le berceau de sa vocation religieuse."(3) Monseigneur de Saint-Vallier chercha à combattre cette résolution car il avait pour Mère Sainte-Madeleine beaucoup d'estime.

Malgré tout, elle retourna à l'Hôtel-Dieu le 28 avril 1715, où elle fut élue en différents temps aux charges d’assistante et de maîtresse des novices.

Elle mourut le 16 janvier 1739, après 50 années de vie religieuse.

En cette année 1989, nous célébrons le 300ème anniversaire de la profession et le 250ème anniversaire du décès de Geneviève Gosselin, une des pionnière de l’Église du Québec.

(1)- Gosselin, David, Figures d’hier et d’aujourd’hui, 1919, vol. 2, page 60.
(2)- Monseigneur de Saint-Vallier et l'Hôpital Général de Québec, 1882, pp. 106 à 110.
(3)- Monseigneur de Saint-Vallier et l'Hôpital Général de Québec, 1882, page 240.

Jean-François Gosselin

Note : Geneviève est la fille de l'ancêtre Gabriel. À la demande de Monseigneur de St-Vallier, évêque de Québec, elle est une des fondatrices de l'hôpital général de Québec.